Après une première soirée de qualité pour l’édition 2017 du festival MUTEK Montréal hier, la soirée du mercredi promettait : le Canadien Daphni, que l’on connaît mieux pour son autre projet pas mal moins dance Caribou, était en ville et se trouvait en charge de rien de moins que de six heures de DJ set au Métropolis! La soirée s’est-elle conclue sur un triomphe ou un flop? L’analyse de Mathieu et Jonathan juste ici.
Y’avait ben du contraste dans la musique pis les couleurs… / Mathieu Aubre
Mathieu : Je décide de commencer ma deuxième journée de MUTEK plus tôt que la veille. Motivé par les conférences au programme de la journée, je me présente au Monument National dès 13h45 pour assister à un premier panel intitulé New Spaces / Emerging Subcultures for Future Cities. Présenté par le Dr. Will Straw, sociomusicologue de renom associé à l’Université McGill, le panel s’intéresse à la place des cultures alternatives émergentes dans l’univers maintenant très industrialisé et balisé du festival musical. Au départ assez intéressants, les invités en profitent pour glisser quelques interventions pour le moins surprenantes, pour le meilleur et pour le pire. Will Straw, dans la catégorie bon coup, nous glissera la savoureuse citation suivante : « I’ve been to some electronic events that were whiter than a KKK rally! » (J’ai été dans des shows de musiques électroniques qui étaient plus blancs qu’un rassemblement du Ku Klux Klan.)
De l’autre côté, une série d’interventions avec un certain manque de tact d’un panéliste allemand me laisse un goût doux-amer en bouche : il conteste un peu la pertinence de la présence de l’organisme PLURI (dont je fais partie! #conflitdintérêt) dans les divers événements du festival et encourage même les personnes plus marginalisées à apprendre à s’endurcir un peu plus et à moins se plaindre. Drôle d’intervention qui semblera en fâcher quelques-uns, dont moi qui décide finalement de quitter avant le panel suivant. Meilleur chance la prochaine fois, I guess…
Bambooman et son crewneck / Bruno Destombes
Je reviendrai au festival plus tard en soirée, soit vers 20h, pour attraper le show de Bambooman sur l’Esplanade de la Place des Arts avant le début de la grande messe au Métropolis. L’Anglais spécialiste du grime, du hip-hop et des ambiances funky, joue dans un cadre particulièrement festif et familial pour sa première visite au Canada. Je me retrouve en effet près de plusieurs enfants qui dansent devant la scène, tout ça, à quelques pieds seulement de dudes en train de sniffer diverses substances. Là je reconnais mon Montréal! Salutations spéciales aussi à son chandail de Kermit hipster.
Je me pointe finalement au 59 Ste-Catherine Est à 21h, juste à temps pour voir le début du set de Daphni. Principal avantage d’être arrivé tôt : lorsque le Canadien pèse sur « Play » pour commencer sa première track, je suis seul dans la salle. Un eye contact malaisant avec l’artiste s’ensuit, alors que je me sens un peu obligé de danser pour compenser pour la salle vide, mais que j’ai aussi l’air un peu cave vu que la salle est justement vide… Un dilemme existentiel qui ne se guérira que par le set d’emblée un peu décousu, mais rempli d’étonnantes influences musicales indiennes et arabes bien dansantes. Et je ne serai pas le seul conquis, comme en témoigneront nos collègues Alexandre Demers et Mathieu Catafard, que je croiserai par hasard dans le public. J’en conclus dès lors que le dj devant nous est clairement le docteur en mathématiques le plus badass ever. Ma seule déception, au final, est de ne pas avoir entendu l’excellent auto-remix plus bas, émotion quelque peu atténuée par la qualité des décors sobres et simplistes qui ne comprennent au final qu’une toile et quelques miroirs bien situés pour refléter des rayons lumineux partout dans le public. Une genre de boule-disco, mais inversée pis étalée sur les murs. Assez hot comme concept!
Dan Snaith / Bruno Destombes
Jonathan : Pour ma part, j’arrive vers 22h15, ou plus précisément alors que Face to Face joue. Daphni, dont le vrai nom est Dan Snaith, alterne dès lors entre musique africaine, disco, électro house et de la house avec une diva qui s’époumone. Tout ça dans l’espace d’une trentaine de minutes! Les transitions entre les chansons sont fluides, malgré l’éclectisme des pièces. Quant à la sélection : elle est à l’image de l’artiste, c’est-à-dire dansante, avec une forte influence disco, house et musique du monde, tout en restant du côté ensoleillé du spectre musical.
La foule semble d’ailleurs avoir une nette préférence pour les pièces disco, funk et soul, tandis que le tribal ne pogne pas trop. Mais peut-être que ç’a changé plus tard en soirée? Je ne peux pas vous le dire, étant parti vers 0h30, le travail tôt le lendemain matin m’y obligeant. (C’est resté pas mal dans les mêmes eaux, je confirme! -Mathieu)
Au final, Daphni a su me garder, ainsi que le reste des danseurs, intéressé avec sa sélection variée. On ne savait pas vraiment quelle direction la musique allait prendre et ça créait une tension, alors que l’élément de surprise était souvent au rendez-vous. J’ai même »shazamé » quatre chansons, ce qui est élevé pour moi. Elles sont assez représentatives de la soirée, et la plupart sont tirées de son FabricLive, sorti il y a quelques semaines.