Le festival SOIR, qui s’est déjà bien établi en seulement deux ans sur la rue Beaubien, essayait vendredi dernier quelque chose de nouveau: un deuxième volet annuel, cette fois-ci sur la Promenade Ontario. Est-ce que l’équipe a su attirer les crackheads et les bobos gentrificateurs d’Homa? Les réponses ici.
Ma journée à SOIR commence tôt. Comme pour la dernière édition, je me suis porté volontaire pour donner un coup de main à l’installation de la scène extérieure du festival et je dois donc me présenter à Hochelag dès 11 h du matin pour vider des camions de matériel audio et technique. #livingthedream Heureusement, le travail se fait bien et l’on finit rapidement, soit vers 14 h, le temps de prendre une pause bien méritée en écoutant les soundchecks des groupes autour d’une quantité abusive de Monster et de rondelles d’oignon sèches du Métro.
Je pars me promener un peu avec la gang de Trop Belle, avant de revenir à la scène, placée dans une ruelle tout juste à côté du Parc Morgan, pour 17 h. C’est à Garnotte d’ouvrir officiellement le volet musical de l’édition, ce qu’il fera avec brio. Le band, qui fait dans la psychedelia franco très 70’s, attaque avec aplomb, même si la foule est (euphémisme) clairsemée à cette heure visiblement un peu trop avancée. J’ai un coup de cœur principalement pour le jeu excessivement rapide et technique du claviériste, qui me rappelle un peu les artistes prog-rock que j’écoutais durant mon adolescence. Le mélange se fait bien et vient offrir une bonne option de début musicale de fin d’après-midi, ce pour quoi je me dois de féliciter l’équipe de programmation de SOIR.
Deuxième formation de la soirée: Bitch Goddess. Nouveau projet sur la scène musicale montréalaise. C’est un genre de super-groupe formé de Laurence-Anne, Émilie Kahn, Émilie et Ogden et Flore de Ris d’Ada Lea, absente ce soir. Les filles et leur drummer remplaçant viennent donc présenter du matériel pas encore enregistré, mais bien maîtrisé. Les chansons sont féminines, mais pesantes, douces, mais punk. On retrouve un petit son slowcore qui clashe un peu avec le parc juste à côté et la Four Loko que je sirote, mais qui marche tout de même bien, comme par magie. Finalement, cerise sur le sundea automnal du set: le trio termine par un cover de All the Small Things de Blink-182. J’me peux pu.
Suivent ensuite les costumés Trop Belle. Faisant une entrée remarquée, avec Lolita portée par un chien, le band se présente devant un public maintenant bien fourni, comprenant un taux d’étudiants de comm à l’UQAM que j’évalue à 6 pour 1 à peu près. On a ici à faire à un deuxième super-band, dans lequel on retrouve des membres de Choses Sauvages, Mort Rose et Mauves. Assez drolatique, le projet parle d’amours juvéniles, de harcèlement sexuel et des difficultés à s’inventer un accent français pour avoir l’air cool en 2017. Mais pourtant, même si le facteur lol est présent, la musique n’est pas négligée et le résultat est étonnamment plus rodé qu’à leur premier show au M Bar l’an dernier. Ça se termine sur un mosh-pit à deux, avec le chien et moi, et du scream senti qui nous donne déjà hâte à la prochaine prestation de la formation.
«Les mecs se touchent, à l’université» / Photo: Andréa Portilla
Un bon pitou et un bon journaliste / Photo: Andréa Portilla
Chârogne vient ensuite conclure le line-up. Le quatuor, avec ses paroles féministes et engagées, fait parfois face au malaise. Dénonçant le harcèlement sexuel et les droits des femmes à être bien baisées, la chanteuse doit affronter un vieil alcoolo dégueulasse qui semble prendre le discours comme une invitation à aller cruiser avec le peu de capacités qu’il lui reste à ce moment, comme quoi ce bon vieux Hochelag restera toujours Hochelag. Ceci dit, le groupe ne se laisse pas impressionner et poursuit sa mission avec force, garrochant ses riffs violents et une bonne dose de criage directement dans nos faces, pour bien finir le volet extérieur de SOIR.
De la belle Chârogne / Photo: Andréa Portilla
Ben du rock / Photo: Andréa Portilla
Je rate de peu une des navettes cyclables du festival et marche donc sur la terrasse très jet-set du Atomic Café. À ce moment de la soirée, les trois Monster que j’ai bus ainsi que la Four Loko de l’après-midi commencent à rentrer en force et je sens plus ou moins ma face. Je décide donc de m’acheter des chips (ce qui fera le bonheur de Guillaume Mansour) et d’aller m’asseoir un peu pendant le show de Chassepareil. L’air libre me fait du bien et je reprends un peu de vigueur dans mon petit corps de con avant de retourner à l’intérieur du bar. Par contre, faut dire que Chassepareil est vraiment loin d’être le band le plus énergique ever, surtout en comparaison avec Chârogne. L’air lourd et chaud du Atomic plein finit par avoir raison de moi. Plutôt que de m’endormir sur une chaise, je décide d’aller retrouver mon douillet domicile, exténué par une journée qui commence à s’étirer.
La flûte, c’est joli, mais pas très rock / Photo: Andréa Portilla
Que conclure donc de la première édition Hochelaga-Maisonneuve de SOIR? Que je n’ai pas vu grand-chose, considérant que le volet musical du festival est loin de constituer l’essentiel du corpus artistique présenté par l’équipe. Que trois Monster dans la même journée, c’est pas une super bonne idée. Que le punk, c’est bien. Et que l’accueil des gens de SOIR reste au final leur plus grande qualité: c’est un festival humain, chaleureux, jeune et qui essaie beaucoup de choses. Est-ce que tout fonctionne? Non, mais au moins un effort de développement et de laboratoire* est enfin mis en place à Montréal pour les jeunes créateurs champs-gauche qui n’avaient avant aucune tribune pour se faire découvrir, et ça, c’est vraiment bien.
Et si tu as aimé le travail de l’excellente photographe Andréa Portilla qui nous a prêté les photos présentées dans l’article, tu peux la suivre sur Instragram ou sur Facebook!
*À noter qu’ils font tellement dans la nouveauté que les trois premiers artistes dont je vous parle n’ont même pas encore lancé de contenu officiellement!