Le rappeur Rymz a entrepris une démarche créative opposée à celle de ses deux précédents albums afin de créer Mille Soleils, son troisième album solo en carrière. Il enregistrait en studio sans avoir en sa possession de textes écrits au préalable; il rappait de manière brute et instinctive, le tout accompagné d’un bon litre de vin blanc Wallaroo Trail 313.
«Pour Mille Soleils, je suis parti à zéro, j’ai tout créé en studio. La nuit, j’arrivais avec rien», se souvient le rappeur au sujet de ses soirées d’enregistrement au Studio Bonhomme, appartenant à son ami Thomas Lapointe. Une approche créative diamétralement opposée à la création de ses deux précédents albums (Petit Prince et Indélébile), où il avait pris le temps de peaufiner ses textes avant d’entrer en studio. «En réécoutant l’album, il y a plein de choses que je changerais, mais, c’est volontaire, j’ai voulu laisser l’album brut.» Ironiquement, il a pu découvrir son album lors des premières écoutes du résultat final: «Quand j’ai réécouté l’album, je me questionnais: qu’est ce que je raconte là, je suis ben mongol!»
En plus de se prêter à un exercice de style, Rymz a voulu créer un album qu’il pourra facilement être transposer en spectacle. Il le reconnait et il l’assume. «Je sentais que le timing était bon, à cause de ma tournée Petit Prince. Je veux continuer à faire des tournées.»
Cover de Mille Soleils / Crédit artistique: Marc Desrosiers
Tout au long de l’entrevue, Rymz fait référence à la dualité entre la vie montréalaise et la vie à l’extérieur des centres urbains. Montréal représente pour lui mille soleils, ses mille vices, en opposition à la sérénité qu’apporte l’air libre des grands espaces, comme La Présentation, d’où il est originaire: «Je suis partagé entre ces deux envies-là: entre être droit ou être tout croche. Faire le malade, fêter, mourir jeune. Ou avoir une belle petite vie avec toutes mes facultés mentales, pas scrappé par la drogue et l’alcool», confesse-t-il humblement.
Pour Rymz, amour et urbanité ne vont pas de pair. «En région, l’amour, c’est ben moins compliqué. J’ai encore des chums à Saint-Hyacinthe. Criss, leur vie est ben moins compliquée! Ils ont pogné une belle fille, ils ont fait un kid, il n’y en a plus de problème», raconte-t-il le plus sérieusement du monde. À Montréal, à l’opposé, «tu rencontres un problème, tu en rencontres un autre, puis un autre», concède-t-il.
Sur Carpe Diem, troisième chanson de l’album Mille Soleils, on peut l’entendre dire qu’il aimerait montrer son dick au gala de l’ADISQ. Il n’en a rien fait lors des galas de l’industrie musicale québécoise au mois d’octobre. «J’ai écrit cette ligne-là avant de savoir que j’étais en nomination», précise-t-il. Lors du gala de l’industrie, le jeudi soir, il a remercié avant tout ses fans lors de la réception du prix du public: «Vive la relève!»
Cela n’empêche pas Rymz de profiter du meilleur de ce que l’industrie musicale peut lui offrir. «Je vois l’industrie comme un moteur qui me permet de faire des shows ailleurs à travers le Québec», rappelant qu’à ses yeux, être sur scène est l’étape créative qu’il affectionne le plus. «Je ne pleure pas en show, mais des fois j’ai des esti d’émotions fortes. C’est un vrai voyage émotionnel en moi.»
Pour les spectacles de la tournée Mille Soleils, on peut s’attendre à ce que Rymz s’entoure de ses reals chums avec qui «il chill le vendredi soir» et qui ont collaboré à l’album. Il s’entoure des ses vrais collaborateurs et amis de longue date: «Pas du monde connu pour se faire voirrrrr (sic).» Attendez-vous donc à voir Karma, Souldia son frérot, David Lee et Maldito sur scène durant la tournée.
Rymz / Photo: Marc Desrosiers
Du côté de l’accompagnement musical, le Présentationnois s’est entouré des beatmakers avec qui il avait préalablement collaboré sur l’album précédent. Selon lui, près de 75 % de l’album a été réalisé par le duo guadeloupéen NeoWide, composé de Gary Wide et de Neo Mastro. On retrouve également Shash’U, Farfadet et Ruffsound dans le 25 % complémentaire: «Je chill beaucoup avec eux, c’est mon team de gagnant.»
Cherchant à s’exiler de la ville, Rymz a décidé que le visuel de l’album serait un retour aux sources. Il a confié la prise des photos et la direction artistique à Marc Desrosiers, une collaboration remontant à l’album Indélébile en 2014. «J’étais curieux de voir la maison dans laquelle j’ai grandi enfant. Je voulais vivre le contraste avec la grande ville, les mille soleils où l’on vit à 200 000 miles à l’heure», confie-t-il en évoquant ses séances photo à La Présentation.
Intervenant jeunesse depuis qu’il a gradué du Collège de Maisonneuve il y a de cela une dizaine d’années, Rymz croise parfois en spectacle ses anciens jeunes à charge, maintenant devenus des nouveaux adultes majeurs. «Je vois ce qu’ils deviennent… Sur Petit Sauvage, je parle d’eux au je. Je me transpose en eux dans cette toune-là.» De son propre aveu, les pièces de l’album Mille Soleils ont été composées pour une expérience en show: «Ce n’est pas vraiment un album à écouter dans tes écouteurs quand t’es dans un mood pour réfléchir…»
Nous n’étions pas sur place le 18 novembre au Club Soda pour le lancement de Mille Soleils, mais on peut vous confirmer que vous allez croiser Rymz au courant de l’année 2018, et nous aussi!