Pour le lancement de son premier album, Dave Chose, le chanteur ténébreux le plus cute du Québec, a attiré jeudi soir une centaine de personnes au Ministère. Entre ses nombreux cris de détresse qui s’entremêlaient aux mélodies, il a passé son temps à nous dire «je vous aime». Nous aussi, on t’aime Dave.
Dave Chose/Photo: Élise Jetté
J’arrive au Ministère près d’une heure à l’avance. Je ne veux rien manquer. Dans cette salle assez corpo du Plateau Mont-Royal, je me lie d’amitié avec les amis à Dave. L’un d’eux m’avoue détenir tous les potins de l’industrie. Malgré mon chantage alléchant – «je t’offre un pop corn contre un scoop sur Dave» – , il ne me confie rien d’intéressant. Je crois que je me suis fait niaiser.
Je vais donc noyer ma naïveté dans une bonne bière servie par Rémi-Pierre Paquin. En fait, c’est son sosie. En plus jeune. En plus petit. En tout cas, il a des airs. J’ai tenté de le prendre de loin en photos, mais il m’a pognée. J’ai fait un petit pipi gêné. Je suis de nature un peu stressée.
Le barman n’est pas le seul à posséder des similarités avec des vedettes internationales. Dans la salle, je crois remarquer un homme ressemblant étrangement au bassiste de Valery Vaughn. Il y a aussi Dave, dont la chevelure rappelle celle de René-Charles, lorsqu’il était encore tout petit-petit. Par contre, celle-là est un peu facile, je m’abstiendrai, donc, de l’écrire.
Le show commence avec la préface musicale de l’album, Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours. Une chanson instrumentale qui donne le ton aux pièces suivantes, principalement au thème récurrent du long-jeu qu’est celui des passes rough de la vie et du chemin difficile pour s’en sortir.
Dave parle aussi beaucoup d’alcool, de drogue, de dépanneurs et de bouffe. L’honnêteté de sa plume, qui se traduit par l’utilisation prépondérante de mots communs manque parfois, à mon sens, de poésie. Alors que le langage franc de l’auteur favorise la sincérité du message, il lui arrive parfois de manquer de nuances. C’est notamment le cas dans Lacteur rose où l’auteur répète «check moé devenir un meilleur être humain», un verse qui m’irrite particulièrement. Toutefois, cela demeure un sentiment personnel, mais surtout une remarque qui n’est pas généralisée à l’ensemble de l’album. Les pièces Peur de chauffer, Benson Gold et la plus connue Chez Françoise sont ineffablement touchantes, voire perturbantes.
Dave Chose/Photo: Élise Jetté
Mariées à sa voix ténébreuse, puissante et surtout très juste, les paroles de Chez Françoise fessent sans bon sens.Elles nous ramènent un vendredi soir, bien tard, une fois bien saoul, quand t’es à veille d’appeler ton ex, mais que tu sais que c’est pas une bonne idée: «Toé deux dans le bed, on pourra se coucher, un peu pactés.» La simplicité des mots, qui fait notamment du folk son succès, prend ici tout son sens par la grande portée de chacun des termes choisis.
Mis à part les paroles, la force de l’album sorti sous l’étiquette Bonsound, est sans contredit les arrangements musicaux. Rappelant ceux de Fred Fortin, ils sont encore plus grunge, voire punk, une fois produits sur scènes. Pour déceler les subtilités des inspirations de Dave Chose, il faut le voir en spectacle. Le côté folk prédominant, qui me colle personnellement moins bien à la peau, se dissipe largement lors de la représentation.
Après les confettis et les blagues semi-assuméees de Dave Chose – «Moi, c’est Dave, vous c’est quoi ?»– je conclus que l’artiste de 26 ans est un homme de peu de mots, mais de bons mots.