Alex Burger
À’ment donné
Indépendant
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Alex Burger troque le navire du collectif Caltâr-Bateau pour le bitume craqué de la 20 avec son premier EP solo A’ment donné. Du rock qui sent la poussière d’un vieux bazou qui a beaucoup voyagé entre les rangs, la 132 et l’autoroute, une bière entre les jambes: «Y’en aura pas de facile/Poésie de débiles».
Peut-être que c’est moi qui divague, ou qui fais une fixation sur son nom, mais Alex Burger lance en grand la saison du casse-croûte. Comme la sauce à poutine de Chez Micheline (spot légendaire de St-Augustin-de-Desmaures), Burger fait de la musique aux airs familiers, mais dont les traits distinctifs créent rapidement l’addiction. La guitare est clairement l’instrument de prédiction du projet. Parfois les guitaristes (Burger et Eliott Durocher) mitraillent un rock presque punk (Le rock & drôle du bord de la 20) ou sont presque aussi country qu’un set carré (Pays chauds). L’harmonica de Billy Craig apparaît soudainement dans certaines pièces et ne s’en laisse pas imposer. Tassez-vous les guitares, la musique à bouche va vous montrer comment faire ça, un solo.
L’écriture de Burger joint avec adresse une poésie automatiste invraisemblable avec un talent de conteur d’histoires «vraies». Ses textes sont très imagés, très clairs, souvent drôles, sans n’être que caricature (Mauvais sort). Il a le même charme de tout croche qu’un Plume. Comme le vieux matelot de taverne, il trempe ses riffs dans la bière et le blues alors que la batterie un peu déglinguée ajoute un joyeux chaos au EP. Ça donne le goût de s’engueuler avec ses chums ou des inconnus. Le brasse camarade se termine avec des shots, des conversations à foies ouverts puis une série de beignes dans un stationnement. En tout cas, c’est ce que je m’imagine en écoutant Blood merci (straight to jail): «Maman / imagine toi donc / que je dis à tout le monde que tu t’es ouvert une animalerie en Gaspésie / Et de mon bord je joue encore des tounes tough dans les bars pour des peanuts».
Alex Burger propose de la musique avec beaucoup de nuances. On passe de l’introspection à la débandade avec facilité. A’ment donné ce sont 5 histoires chantées avec beaucoup d’expressivité et qui, j’espère, ne seront pas ses dernières.