Quelle aventure! Créée par Kate Prince à l’occasion des célébrations du centenaire du vote des femmes au Royaume-Uni, Sylvia est aussi superbe qu’en construction. Nous avons assisté à cet accouchement dans la douleur de cet incroyable musical, et il fallait donc que j’en parle ici. SPOILER ALERT LEVEL 2/5
L’histoire est celle de Sylvia Pankhurst, figure pacifiste des Suffragettes aux côtés de sa mère et sa sœur aînée, moins pacifistes qu’elle. Le but ? Obtenir le droit de vote pour toutes les femmes du Royaume-Uni. Immensément politique, encore plus aujourd’hui, cette pièce résonne comme combat de boxe en direct. Et comment faire pour attirer le plus de monde possible ? Le rendre funky, entêtant et puissant, grâce au pouvoir de la diversité, du hip-hop et du groove.
Exactement comme avec Hamilton, la recette fonctionne, mais le sujet est différent. On se prend très vite d’affection pour les personnages. Même s’il est vrai que la cause nous touche déjà à la base, c’est un rendu qui nous plaît. Et pourtant ce n’est pas simple, car nous n’avons pas encore vu le spectacle en entier, et ce après deux tentatives. Je m’explique.
Nous avons sauté sur des places dès que possible et décidé de voir la toute première représentation. C’est une ‘preview’ et nous savons donc que des changements sont possibles puisque c’est encore une période de travail. Or, cette preview s’est changée en répétition générale et filage pour les réglages techniques qu’ils n’avaient pu faire. Nous sommes donc remboursées et assistons à la représentation gratuitement. Seulement un malheur n’arrive jamais seul et Genesis Lynea qui tenait le rôle principal s’est littéralement effondrée sur scène pendant la première chanson de l’acte deux. C’est donc rideau pour ce soir-là.
Tout en espérant qu’elle s’en remette, nous décidons de prendre deux places pour une représentation deux semaines plus tard. Nous arrivons donc, déjà excitées et connaissant le premier acte. Le retard de l’ouverture des portes ne nous annonce rien de bon et pour cause. Il y a eu un autre malade dans la troupe qui les empêche de jouer le spectacle entièrement. Ce sera donc une version concert. Ils nous remboursent, nous offrent un verre et une réduction sur leur prochain spectacle. Nous restons donc et assistons à un petit évènement.
Bien qu’il s’agisse d’une version concert (et donc sans les chorégraphies), le jeu est toujours là et les acteurs, d’abord un peu déboussolés, font face avec une énergie sans pareille. Que demander de plus! Ah, oui, la fin du spectacle peut-être ? Le spectacle étant assez long, elle nous sera refusée. Bien que nous connaissions la fin de l’histoire (il paraît que les Suffragettes ont obtenu gain de cause) on aurait adoré voir cette version terminée.
Chaque numéro est assez mémorable, de la mère de Churchill, au flow aussi impressionnant que celui de Minaj, à la famille Pankhurst dans sa totalité on passe des rires aux larmes à l’envie de se lever et de les rejoindre dans leur combat. Si quelques longueurs seront sans doute effacées quand le spectacle reviendra, il y a fort à parier que le public ne se lassera pas de certains titres ravageurs et que ce spectacle passera de Travail en Cours à Chef-d’Œuvre Musical. En tout cas, nous serons là. À bientôt Sylvia.
Extrait : March Women, March!