Alors que les flocons tombaient sur la métropole, la chaleur du Moyen-Orient s’emparait du Ministère lors du concert de 47soul et De.Ville dimanche soir.
Je sors du métro et longe la rue Mont-Royal en bravant une tempête du mois de mars. T’sais, la tempête qu’on attend plus, mais on sait qu’elle aura lieu parce qu’il y en a toujours une maudite tempête de neige au mois de mars. Au moins, une fois qu’elle est passée, le printemps n’a plus qu’à se pointer le bout du nez, pour vrai.
J’évite les flaques d’eau à chaque intersection et tente de marcher d’un pas rapide, afin d’arriver à l’heure, mais la personne en avant de moi m’empêche d’aller à la vitesse supérieure. Je reçois d’ailleurs toutes ses bouffées de fumée. Pas de la fumée de cigarette. Je me surprends à devoir suivre finalement le fumeur d’herbe maintenant légale jusqu’à destination. Eh, bien!
J’arrive au Ministère coin Mont-Royal et Saint-Laurent, la salle est déjà bien remplie par un public multiculturel et visiblement heureux d’être là. C’est le groupe De.Ville, formé du chanteur Ziad Qoulaii et du producteur Simon Pierre, qui se chargera de la première partie de la soirée, mais ils ne seront presque jamais seuls sur scène.
«Happy women’s day!», s’exclame Ziad Qoulaii après la première chanson. La foule réagit, bien qu’elle reste timide tout au long de la prestation. Le spectacle se fait en trois langues: français, anglais et arabe. Bien que je ne comprenne pas tout ce qui se dit, surtout dans les paroles de chansons, je ressens toute la joie et l’exultation. C’est ça l’important.
On invite rapidement le rappeur et membre du groupe LaF Jah Maz à monter sur scène pour interpréter Oublie moi de l’album Sables.
Je suis envoûtée par l’ensemble de l’oeuvre: la mélodie de la voix délicieuse de Ziad Qoulaii, le rap bien exécuté de Jah Maz et évidemment la production exaltante de Simon Pierre. Le gars qui marchait devant moi tantôt doit triper.
«Venez danser, allez venez danser!», appelle le chanteur en s’adressant à la foule. Le public reste tout de même très timide. La chimie entre les musiciens et le bonheur dans leurs visages sont pourtant contagieux. La table est mise pour 47Soul.
Les synthétiseurs sont troqués pour des percussions et le groupe de musique électronique shamstep 47Soul entre sur scène après un court entracte. La foule prend soudainement vie. Tout le monde se rapproche du bord de la petite scène du Ministère. Un drapeau de la Palestine est soulevé parmi le public. Dès les premières notes de musique, tout le monde commence à se déhancher comme s’ils attendaient ce moment depuis des mois.
Encore une fois, je ne comprends pas toutes les paroles, mais je suis les mouvements de danse du mieux que je peux. Gauche, droite, en haut, en bas. Un cercle de danse est rapidement formé et tout le monde a chaud, très chaud. «Chukran Montréal!», crie Walaa Sbeit, un des membres du groupe. La proximité entre 47soul et son public est touchante.
«No deported, no apartheid, no war!», introduit le chanteur avant d’entamer la chanson Everyland de l’album Shamstep. Tout le monde chante en coeur «every land is a holy land».
Ça t’élimine un blues du dimanche soir assez vite, ça. Je sors du spectacle le coeur rempli de chaleur malgré la pluie qui tombe dorénavant dehors. Le printemps est arrivé plus tôt cette année.