C’était soir de poisson d’avril au Lion d’Or, lundi pour la dernière soirée de préliminaires des Francouvertes. La soirée était sold out… POISSON D’AVRIL.
Il y avait peu de convives en ces lieux pour le 7e lundi de la série, mais c’était pas moins bon pour autant.
En première partie, le gagnant de l’édition 2014 des Francouvertes, Philippe Brach nous chante le Ô Canada de dos. Puis, ne s’adressant à la foule qu’avec sa petite radio dans laquelle sa voix est déjà pré-enregistrée, il enchaîne D’amour, de booze, de pot pis de topes, une chanson «qui vieillit très mal», selon Brach.
Comme une personne de sa génération, il entrecoupe sa toune de passages du refrain de la toune de Watatatow.
Il nous offre sa nouvelle toune obligatoire dans le concept de la soirée: «C’est la moitié d’une chanson en anglais», s’excuse Philippe sans vraiment s’excuser.
Fria Moeras brise la dernière glace de la saison des préliminaires. Elle a compris le thème de la soirée avec son poisson dans le dos. C’est pas son premier BBQ.
«C’est mon tour», dit-elle avec la joie d’une puce sur le dos d’une bête bien poilue. Très groundée, elle nous enchaîne ses chansons sans demander de permission à qui que ce soit.
Hors des sentiers battus, elle dit «1, 2, 3, pâté chinois» pour starter sa toune au lieu de «1,2,3,4,5,6,7,8». Première fois que ça arrive. Au lieu de remercier les gens dans la salle, elle remercie Montréal, Québec, Magog et Forestville. «On les oublie trop souvent», dit-elle.
Elle décortique la thématique de la chanson d’amour avec Dr. Folamour,«ce qui se rapproche le plus d’une chanson d’amour» dans son répertoire, car elle essaie encore de comprendre cette chose complexe. «J’ai crevé mes yeux pour ne plus voir, ni toi ni le soleil. Ça brûle ma rétine», chante-t-elle. On comprend pourquoi elle n’écrit pas au sujet de l’amour normalement. Ça a l’air de faire mal.
C’est la plus petite foule des Francou depuis le début de l’édition, mais elle s’y adresse comme si c’était le 2e Centre Bell de Loud. Elle finit son set juchée sur le drum, en parfaite cohérence avec les bélugas: son drummeur et son bassiste.
C’est ensuite au tour de Poulin, Valérie de son prénom, de se jeter par terre (littéralement) pour convaincre les juges.
Dès sa première chanson, Inspire, chaque phrase est une question de vie ou de mort. J’ai binge watché la saison 3 de Queer Eye la semaine passée donc j’avais juste le goût de dire Brava! Queeeeeeeeen!
«Ça serait le temps que vous donniez un prix à Étienne Dupré (son bassiste)» dit-elle, en parfait accord avec FAV. Il prend jamais de vacances des Francouvertes le bon gars! Elle encourage aussi les autres artistes à l’engager: «Payez-le!»
Chaque chanson est un cri nécessaire. On ne se demande jamais pourquoi elle dit les choses. Elle les dit, c’est tout. Elle invite aussi les spectateurs à crier. Un cri primal qui nous permet s’extérioriser tout ce qu’on ne peut pas crier à Montréal, dans une ville civilisée.
Elle remercie son drummeur Thomas Sauvé-Lafrance d’être resté. «Dans certaines situations, il s’appelle T-Cup. Il est resté avec moi, même si j’arrivais souvent de chez mon psy avant les pratiques et j’arrivais en pleurant. Il ne s’est pas sauvé.»
La puissance de son chant a quelque chose de sacré quand elle chante: «Mais peu m’importe s’il y a un Dieu. Mais est-ce qu’il m’en veut»
Avec tout ce qu’elle est, elle occupe tout l’espace vide de la salle et de la scène. Elle n’a que deux musiciens. Le Lion d’Or n’est vraiment dans une soirée jam-packed. Et pourtant. Le vide est occupé.
La soirée se conclut avec le trio BIRMANI. «On est le groupe désagréable à écouter de 2019», lance Simon, le chanteur.
Nous suggérant des bouchons de qualité et nous avisant que normalement «leurs shows durent trop longtemps», ils s’élancent. La première pièce s’appelle Esna et parle entre autres du Nil, un fleuve égyptien que je n’avais pas nommé depuis mon exposé oral sur Toutankhamon en quatrième année.
La deuxième chanson L’hiver (est long en criss) n’est pas sans rappeler les derniers mois. « C’est comme si le froid me niaisait», chante Simon. Ben non, Simon, ben non.
Et c’est dans un grand vacarme organisé et une toune qui s’appelle Bye que l’on dit bye aux préliminaires des Francouvertes.
Seule Poulin entrera dans le club select qu’on reverra lors des demi-finales les 15, 16 et 17 avril.
Palmarès final des préliminaires des Francouvertes 2019:
3- Poulin
4- P’tit Belliveau et les Grosses Coques
5- David Campana, Shotto Guapo, Major
6- Dear Denizen
7- Comment Debord
8- Anaïs Constantin
9- Alex Burger