Notre-Dame de la vie intérieure, le septième album de CRABE nous aide à visiter un endroit précis de notre cage thoracique – un petit peu en dessous du plexus – depuis près d’un mois. Pour le spectacle de lancement qui aura lieu ce vendredi à Montréal et le 7 juin à Québec, le duo présente un clip tout chaud (parce qu’il fait de la boucane notamment).
« La porte mène vers l’étang, le lieu physique mais aussi, sans l’oublier, le lieu psychologique du mal-être. Saurez-vous déceler toutes les dimensions de la profondeur de cette boue houleuse? Saurez-vous voir les caméras qui révèlent la mince ligne entre la sublimation et la liquéfaction. » – Gab
Place Forte from Gabriel Lapierre on Vimeo.
Gabriel Lapierre (Réalisation, Montage)
Catherine Landry (Caméra)
Colo Guim Moro
Mertin Hoek (Acting)
C’est dans un état «totalement confus, en perte de mémoire et en perte de vison momentanée» que CRABE a composé Notre-Dame de la vie intérieure. C’est du moins leur première réponse à notre première question.
Plus sérieusement, Gabriel et Martin ont décidé de choisir une direction plus «dynamique». «On voulait quelque chose de moins heavy MENTAL», dit Martin. «Plus raw, mais moins métal, complète Gab. Il n’y a pas de métronome, rien de replacé. C’est moins in your face, et ça rend ça plus près de nos personnes. On se place comme des funambules sur la corde raide. Ça rend ça l’fun.»
-Martin: «Gransalphone, c’est quoi cet instrument-là?»
-Gab: «REND ÇA L’FUN, que j’ai dit.»
-Martin: «Je vais devenir gransalphoniste»
-Gab: «Travaillons fort dans les basses avec notre gransalphone.»
Au milieu du duo, Guillaume Chiasson a tenu la chandelle en faisant la prise de son, le mix et la coréalisation. «Il nous a fait des samples midi passés dans une machine à bandes. Tant qu’à travailler avec des nouvelles personnes, on voulait explorer des affaires, explique Gab. Il a participé aux décisions artistiques avec nous, dans le son et les effets.»
Mais Notre-Dame de la vie intérieure, c’est où? «Dans sa version concrète, c’est à Rivière-des-Prairies. Tu peux aller y porter des ornements, dit Martin. Pendant mon travail d’égoutier, je passais devant et je trouvais cette dame de protection inspirante.» «La version éthérique de l’endroit, c’est comme la porte qui te protège de ton monde intérieur, ajoute Gab. C’est à la fois en dedans et en dehors.»
Ceux qu’on avait pu voir sur la scène de la finale des Francouvertes en 2018, retiennent un bon souvenir des rencontres qu’ils y ont faites, mais ont été plutôt surpris par la vague d’après. «On s’est embarqués dans quelque chose qui nous a rattrapés et on n’avait pas compris l’ampleur, dit Martin. On avait du fun, mais à la finale, on espérait ne pas gagner. C’est bizarre recevoir 10 000 $ dans un concours. On l’aurait donné au premier groupe qui a été sorti de la compétition.»
Si vous avez l’habitude d’écouter vos nouvelles musiques dans un CHSLD, il se peut qu’on y qualifie la musique de CRABE de «musique du diable» comme dans On jase de toi.
«Si c’est le cas, venez ici et je vais vous serrer dans mes bras, annonce Martin. Dites-vous que vous êtes plus fuckés que nous autres. On pourrait apprendre de nos différences plutôt qu’avoir peur de la différence.» «C’est quand même soft, ce qu’on fait, et positif à l’os. On n’a pas d’étoile a l’envers», complète Gab.
Les textes de Martin sont imagés, instinctifs et émotifs. «C’est comme David Lynch. C’est abstrait, mais tu peux te faire ta propre compréhension, dit son complice. Je sais c’est quoi les sujets des tounes parce que je connais Martin, mais les textes se reflètent les uns dans les autres. Avec le concept général, on peut saisir les vibes spécifiques. C’est comme des cartes de tarot. C’est à la mode, le tarot.»
Martin décrit cet album comme la suite du précédent, Le temps F33l: «C’est une introspection sur la santé mentale après l’autre album qui parle de se faire laisser. Le prochain s’en vient et il prêt. On est juste deux et on joue du drum pis de la guit’ pis on chante. Il faut se challenger.»
Le plus récent communiqué de presse de CRABE nous présente leur musique comme étant «le goût du jour, d’hier et de demain», ce qu’on nous explique ainsi:
Martin: «Notre musique, c’est du présent punk entre le proto punk et le post punk. C’est instantané et intuitif.»
Gab: «Il y un artiste visionnaire qui dit qu’il a une puce dans le cerveau installée par les extraterrestres. Lui, il veut sortir de la modernité et il croit que ce qui nous y rattache, c’est le concept du temps. C’est comme ça qu’on pourrait être dans toutes les époques à la fois.»
La dernière toune de l’album nous laisse entendre des pas de ruelle qui peuvent faire peur à une jeune femme sans poivre de Cayenne dans sa sacoche. «En fait c’est plus une porte mystérieuse, dit Gab. C’est que j’arrive à la porte, elle m’appelle, qu’est-ce que je fais? Fin ouverte. À suivre… comme avec la toupie dans Inception.»
Ouvrez la porte.
Tu peux attender au lancement montréalais ici.
Et au lancement de Québec ici.
L’album est ici.