Exercice de haute voltige pour Loud

Publié le 04 juin 2019 par Feuavolonte @Feuavolonte

Le lancement de Tout ça pour ça présenté par Air Francoricain a transporté plus 8 000 amateurs de rap dans un vol historique en destination du sommet, vendredi soir, au Centre Bell.

Après DJ Kelly et ses platines laissant tourner des succès de 2pac et Snoop Dogg, Milk & Bone se chargent de réchauffer le Centre Bell déjà bien rempli, si ce n’est de l’autre moitié de la salle et du dernier balcon, condamnés pour l’occasion. Entouré de ballons épelant son nom, le duo offre des extraits de ses derniers projets électro-pop avec énergie dans une mise en scène minimaliste. 

Milk & Bone / Photo: Camille Avery-Benny

J’aurais dû me douter que quand Loud lançait «Aucun accès backstage pour les photographes» sur la chanson Pas sortables, il était sérieux. Si la sécurité est déjà accrue au Centre Bell (sacs à dos et caméras interdits), impossible d’y circuler, même avec une accréditation média.

Confinée au soundboard pour prendre des photos, je dois sortir par la porte arrière de l’aréna après les trois chansons durant lesquelles il m’est permis d’utiliser ma caméra et faire le tour par l’extérieur pour entrer par l’entrée principale et gagner mon siège pour la suite du spectacle. Ça me permet de saisir l’envergure de l’évènement. 

Loud fait donc une entrée remarquée dès 22h15, sortant d’un énorme avion entouré d’écrans sur lesquels sont projetées des ailes. À peine les premières notes de 56K ont-elles résonné que le Centre Bell entame le premier couplet en chœur. Loud rappe une ligne, puis se laisse porter par la voix du public qui chante pour lui presque l’entièreté du couplet.

Loud / Photo: Camille Avery-Benny

Paru il y a un peu plus de deux ans, le clip de 56K laissait déjà présager les idées de grandeur du rappeur, qui s’en est inspiré pour sa mise en scène notable.

Vêtu de blanc de la tête aux pieds, Loud poursuit avec Nouveaux riches, puis Hell, What A View, tirées de son premier album. Les pièces ne manquent pas de faire sauter la foule, qui ne s’assoira pas de la soirée.

Loud / Photo: Camille Avery-Benny

Fallait y aller débute pendant que les photographes sont gentiment expulsés de la salle. S’amorce alors ma course contre la montre sur Saint-Antoine pour en rater le moins possible. C’est du sport.

De retour dans l’assistance, j’arrive juste à temps pour voir Loud terminer Le pont de la rivière Kwaï, perché sur une plateforme au bout de la scène qui traverse le parterre.

Loud / Photo: Camille Avery-Benny

Entre les chansons et pendant les instrumentaux, Loud prend le temps de profiter de l’expérience, marquant une longue pause après la ligne «On a déjoué des centres d’appels de Bell jusqu’au Centre Bell», et s’agenouillant sur scène pour recevoir les applaudissements et cris chaleureux de la foule. 

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Contrairement à ce que laissent croire ses paroles, Loud n’est pas seul au sommet; il s’accompagne de son producteur de toujours, Ajust. Une Charlotte Cardin solide se joint à eux le temps de Sometimes, All the Time, alors que les artistes se font face sur deux niveaux différents de la scène, rappelant le vidéoclip paru en même temps que l’album.

Cœur de Pirate fait également une brève apparition pour le duo Dans la nuit, marqué par la voix fatiguée de la chanteuse.

Charlotte Cardin et Loud / Photo: Camille Avery-Benny

Lary Kidd se fait attendre, mais rejoint finalement ses amis Loud et Ajust pour leur nouvelle pièce, Off The Grid. L’ancien trio en profite également pour performer SWG et On My Life, à laquelle s’ajoute 20Some.

Pas de classique de Loud Lary Ajust pour les nostalgiques, mais une chanson solo pour le jeune homme Lary Kidd, qui pourra se vanter d’avoir chanté Petit Jésus devant 8 000 personnes, dont probablement plusieurs qui se demandent qui il est et quelques-unes qui en profitent pour faire une pause-pipi.

Lary Kidd et Loud / Photo: Camille Avery-Benny

Ajust, le «commandant de bord» posé derrière sa station surélevée, est sans doute l’un des hypemen les plus divertissants du rapqueb. «They do take time», peut-on entendre alors que Loud interprète TTTTT (These things they take time), dont les paroles prennent tout leur sens dans un Centre Bell comble.

Quelques problèmes de son ne perturbent pas le premier rappeur québécois à remplir l’aréna, qui enchaîne ses nouvelles chansons et ses succès précédents avec verve et assurance, rappelant ici et là qu’on est tous en train de «faire l’histoire.» 

Avec plus d’un tour dans son sac, Loud garde le meilleur pour la fin: la pyrotechnie et les explosions. Il faudra attendre le rappel pour que des musiciens (un guitariste et un batteur) montent sur scène pour clore la pièce la plus instrumentale du nouvel album, GG, et du même coup, mettre un terme à cette soirée historique. 

Loud et Ajust / Photo: Camille Avery-Benny

Contre toute attente, le vol se déroule sans traverser de zone de turbulence. Ça prenait Loud et le Centre Bell pour qu’un parterre de show de rap s’abstienne de faire des mosh pits

Pour ce spectacle légendaire, Loud a fait un choix de chansons judicieux, mélangeant parfaitement les premiers succès aux nouveaux au grand plaisir de la foule qui en redemande. Fidèle à sa parole alors que «tous les sièges et tous les verres sont remplis jusqu’au balcon», le rappeur d’Ahunstic-Cartierville, peut se vanter d’avoir fait Tout ça pour ça.