123 ans après l’inauguration de la chapelle de la paroisse Saint-Édouard, on célèbre toujours les bons sermons à l’Église du même nom. SOIR investissait une fois de plus son sous-sol en offrant un plateau triple à faire grouiller les morts avec Vanille, VICTIME et une rare apparition de Solids en tête d’affiche.
NDLR; les citoyens de Rosemont – La Petite-Patrie venant tout juste d’officialiser un changement de gentilé. On devra dorénavant parler des racines rosepatriennes de ce festival rosepatrien (répétez-le quelques fois encore, faudra s’y faire) qui fait désormais le pont entre le Plateau et Québec (!) en passant par Hochelaga.
Rosepatrien, Rosepatrienne. On promet d’y mettre des efforts, mais c’est pas gagné, gang.
Avant même de se faire étamper à l’entrée, on croise dans l’escalier un who’s who de l’émergence musicale montréalaise, avec des membres de Jesuslesfilles, Crabe, Corridor et Bleu Nuit qui se pressent au-devant de la scène. Espérons pieusement qu’il était à la convenance du chanoine Bruchesi (1855-1939, Dieu ait son âme), instigateur de cette belle paroisse, que la soirée s’ouvre avec un one-two punch de filles en psaumes de rock défroqué, en l’occurence Rachel Leblanc et Laurence Gauthier-Brown, respectivement meneuses de Vanille et VICTIME.
Deux trop courtes prestations qui préparent néanmoins bien les fidèles à la communion finale, présidée par une rare apparition de Solids. Je dois fouiller assez loin – novembre 2013! – pour retrouver mes derniers souvenirs de Solids en spectacle, eux qui ne sont jamais vraiment morts, mais trop occupés pour être pleinement vivants. Y’a aussi un bail que je m’étais dirigé volontairement vers le pit pour y jouer aux épaules tamponneuses: était-ce l’Esprit à-Saint, ou seulement l’efficacité des riffs de cette nouvelle Sainte Trinité dans son retour éphémère?
Avec une patte coincée dans une attelle rigide – mon genou gauche est un p’tit criss de Judas, vous comprendrez – c’est aussi une activité hasardeuse, mais j’y vois surtout le meilleur témoignage d’un œcuménisme nouveau, celui d’une communauté de foi liée par le disto, la sueur et la surenchère de décibels. J’ai suivi la catéchèse à la lettre: si l’on me frappait sur le flanc droit, je répliquais tendrement de la gauche.
Le sous-sol de l’Église Saint-Édouard offre une scène large et un plafond haut qui permettent à tout le monde de respirer – à y penser, c’est tranquillement en train de s’établir comme une de mes scènes préférées en ville. En fouillant mon téléphone à la recherche d’images et de vidéos intelligibles de la prestation de Solids, je dois me résoudre à effacer presque tout. Trop flou, trop sombre, trop instable.
C’est le propre des meilleurs spectacles que de refuser de se dévoiler au digital. J’en suis convaincu: les meilleurs curés ne font pas de podcasts, et les grands évêques font les pires selfies. Il faut se déplacer pour les voir dans les lieux qu’ils chérissent, et si sur le chemin vous tombez de votre cheval et changez de nom, c’est probablement qu’il vous faut de nouveaux bouchons.
Amen.