Je vais le faire. J’avais décidé que c’était fini. Qu’il était temps qu’on arrête de parler d’elles de cette façon. Mais, on va faire un deal. Je vais le faire, mais plus personne ne le fait après. Ça va être la dernière fois pour toutes. Ok? Voilà. Donc… TROIS FILLES QUI FONT DU ROCK, ÇA FAIT DU BIEN. Je l’ai dit. Donc vous n’avez plus besoin de le dire. Jamais. On va parler de leur rock implacable encore longtemps, mais ce n’est plus un trio de filles, c’est juste un excellent trio. Les Shirley ont mis le feu au West Shefford pour le Taverne Tour et on était là.
Les Shirley/Photo: Élise JettéC’est alors que je me stationne devant le pub, affublée de mon attitude punk-rock de secondaire 4 pour apprécier pleinement Les Shirley, que je me fais mansplainer mon parking. Je m’installe dans ce qui est visiblement un stationnement, mais qui est évidemment non-délimité par des lignes visibles étant donnée la neige abondante. Et quand je sors de la voiture, un fier gérant d’estrade, en t-shirt devant l’éternel (l’éternel étant la météo de janvier), me dit «hey fille, t’es pas dans tes lignes». Il est pas chanceux parce que j’ai mon attitude de taverne, tsé. «C’est tu toi le valet?», que je le questionne. «Ben non», qu’il bredouille. «Me semblait aussi», répond la baveuse que je suis.
Fin de l’aventure extérieure.
Raphaëlle, Les Shirley/Photo: Élise JettéDans le pub West Shefford, je suis étonnée de voir que la scène a été érigée dans l’entrée, dos à la fenêtre, ce qui permet d’être aux premières loges dès qu’on fait irruption dans le bar. Petite bière en main, j’attends que le show commence après m’être procuré l’incroyable chandail à serpent du groupe. Disponible sur bandcamp, c’est le genre d’accoutrement qui peut rebuter un monsieur qui a envie de te dire comment te stationner.
Photo tirée de bandcampLisandre au drum, Raphaëlle à la guitare et à la voix et Sarah à la basse n’en sont pas à leur premier BBQ. Elles s’exécutent comme s’il fallait tenter de casser la vitre de la façade avec le simple pouvoir du son.
Lisandre, Les Shirley/Photo: Élise Jetté«Tout va bien aller, on est des professionnelles», dit Lisandre lors d’un léger accrochage de Sarah dans ses pédales. Personne n’en doutait.
Le groupe présente les chansons de son EP, mais surtout, et avec beaucoup de plaisir, les tounes qui seront sur un album prochainement. On attrape effectivement le band quelques jours avant qu’il entre en studio pour enregistrer un premier long-jeu. Tout se passe bien.
Raphaëlle, Les Shirley/Photo: Élise JettéLes chansons que les gens connaissent déjà et celles qu’ils découvrent avec intérêt provoque la même écoute active. «I feel so far away from any drama», s’exclame le gars à côté de moi à son ami. Il a dû avoir une journée plus tof que la moyenne.
Sarah, Les Shirley/Photo: Élise JettéAvant de nous offrir une version bien spéciale de I Will Follow Him de Little Peggy March (mais surtout de Whoopi dans Sister Act), Raphaëlle demande «d’entendre voler une mouche». Choses pas simple étant donné le bruit ambiant des fans, mais aussi des habitués du bar qui n’ont pas changé leurs habitudes pour l’occasion. «C’est plus tof, entendre les mouches, quand c’est l’hiver», rétorque la drummeuse. Pas con.
Les Shirley/Photo: Élise JettéLa nouveauté Easy Target fait capoter la foule, puis elle se laisse bercer par le «slow» ou la «ballade emo» 1994. La chanson Stuck suscite un mush pit de trois personnes. L’espace est limité dans le pub.
Sarah, Les Shirley/Photo: Élise Jetté«C’est la dernière toune, on fout la marde», sont les derniers mots adressés au public. Ça m’a quasiment donné le goût de retourner me battre avec le gars en t-shirt dehors, mais j’étais trop remplie d’une énergie positive laissée par la musique. Il faut choisir ses combats.