Y’avait une belle gang au Quai des Brumes pour le lancement d’album de Karolan Boily, Les éclats de verre en résistance. On était tous fébriles à l’idée d’entendre la musique qu’elle nous promet depuis quelques mois déjà. En p’tit 5 à 7 cozy, ça passe bien. Une bière à la main, j’étais prête pour le folk-rock-planant de Karolan Boily.
Karolan Boily/Photo: Gabriel Cohen
Le band commence fort avec la première chanson. La formation comporte: voix et guitare électrique (l’auteure-compositrice-interprète en question), basse, batterie et basse synthé, et une autre guitare électrique, qui assure le rôle de créateur d’ambiances et de textures avec une panoplie de pédales. C’est rock, c’est tight, ça déménage. J’ai l’impression que Karolan me parle à moi quand elle chante. Elle interprète à merveille ses pièces tout en nuances, elle-même évoquant toutes sortes de couleurs, autant dans ses paroles que dans son phrasé musical. La deuxième chanson nous berce, pour ensuite nous surprendre avec un gros changement de tempo après la douceur. Ça fait bouger la salle et des choses en dedans de nous aussi. Inspire-expire: c’est ce que la chanteuse nous chuchote jusqu’à la fin, provoquant des frissons ASMR agréables. Le guitariste installe des tapis sonores douillets.
Karolan s’adresse alors au public, pour nous introduire dans l’univers de son album. Outre quelques petites blagues, elle nous montre sa vulnérabilité face à l’échec d’une relation et le désir de se relever. Ça se sent dans sa musique; le contraste entre la douceur de sa voix et les instruments qui pèsent fort.
Après Les aurores boréales, le premier single de Karolan, qui a déployé de belles mélodies de basse et énergisé le public, on a droit à un moment intime avec la chanteuse. Pour Météore (beaucoup de thèmes astrologiques ici), Karolan s’avance au-devant de la scène, sa guitare dépluggée avec un seul micro qui attrape le son global sur la scène.. C’est tout nu, le silence règne, c’est beau. C’est rough par bouts, quand le son de la guitare électrique non-amplifiée griche pour se faire entendre. On aime ça un peu de vrai dans une vie déjà toute pensée d’avance. Et c’est ce que je ressens dans ses chansons aux thématiques peut-être mille fois abordées, mais interprétées d’une manière singulière, qui vient chercher les émotions qu’on a tous.tes en dedans. La pièce se termine avec le band qui s’ajoute très discrètement, le temps de quelques textures, pour envelopper Karolan toute seule devant.
Karolan Boily nous fait ensuite cadeau d’une toune inédite, remplie de hooks un peu plus pop et groovy, avec en prime un solo de guitare enlevant. Ça me fait bouger les hanches, et ça, j’aime ça.
Le moment est venu pour les traditionnels remerciements. On dirait que Karolan nous fait un enseignement biblique comme dans une messe, en nous invitant à ouvrir le EP pour suivre avec elle. Elle lance ensuite un enregistrement de la madame-robot de Google Traduction, qui termine les remerciements. Les gens sont pliés en deux de rire. C’est une façon originale de faire passer cette partie de la soirée, souvent longue et pénible dans les lancements, puisque souvent, ça concerne l’équipe entourant l’album, alors que le public ne comprend rien.
Le spectacle se termine avec deux autres nouvelles chansons, qui ne se retrouvent pas sur le EP, mais que la chanteuse promet pour l’année à venir. Musique plus synthétique, plus remplie, qui sonne plus fat, comme si elle mettait un point final à cette période de sa vie.
J’ai déjà hâte d’entendre le nouveau Karolan Boily.