Lydia Képinski avait entrepris de déstabiliser tous les habitués du 5 à 7 déplogue du dimanche au Quai des Brumes. Son show pour boucler la boucle de Premier juin était la chose la moins déploguée que j’ai vue depuis longtemps. Comme en témoignent les photos, on est restés à côté du bar, mais on n’a pas été déçus pour autant.
«Je suis contente que vous ayez apprécié le morceau, dit Lydia après Brise-glace. Je ne dirai rien d’autre. Je suis vraiment une personne de peu de mots.» C’est ça, oui.
Durant 360 jours, très peu de personnes ne sont pas en complète fusion avec le texte au moment où Lydia s’écrie «j’aurais voulu que le printemps ce soit maintenant.»
On a bien fait de rester en arrière! La toune se termine avec Lydia juchée sur le bar du Quai ce qui nous permet d’admirer son indéniable flexibilité avec une quasi-Luc Senay sur le bois verni, mais surtout, une admirable gestion des luminaires qui pendent du plafond et qui, dans les circonstances, peuvent devenir des armes pour tuer.
«On l’a fait pour nous, mais merci d’être là, lance l’artiste avant d’interpréter la chanson titre de son album qui ira se reposer.»
Elle parle ensuite de ses musiciens (plus nombreux que d’habitude, je crois, avec notamment Alex Guimond de Comment Debord) qu’il faut rémunérer. «Normalement je leur donne 250 $ chacun et là, à soir, on splite le chapeau.» Elle s’exécute pendant que le public crache le cash.
«C’est la fête à quelqu’un?, demande-t-elle. Non? Bon ben ça va encore être ma fête. Pour la première ou la 27e fois.» Puis elle chante (et elle crie comme en témoignent toutes nos photos sur lesquelles elle a toujours l’air de crier).
C’est l’écrivaine autochtone Natasha Kanapé-Fontaine qui fait la première partie du rappel. Le concept «première partie de rappel», c’est du jamais vu, c’est audacieux et ça pense à l’extérieur de la boîte. J’aime.
Après le texte poignant livré avec fougue, Lydia vient conclure l’affaire avec Pie-IX et en sortant de scène, sa voix résonne encore pendant un temps, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus la voir, ni elle ni ses musiciens. Tous partis dans un nuage de fumée bleue alors que sa voix est encore là tel un battement.
Oui, Lydia nous reviendra.
Il y a bien un Premier juin à chaque année.