Antoine habite sur ma rue. Ça veut dire que s’il a été attentif, il a pu voir passer sur le trottoir devant chez lui, tous mes états psychologiques de confinement… il est sur le trajet officiel de ma marche-quotidienne-afin-de-trouver-un-sens. «On est-tu assez loin l’un de l’autre?», me demande Antoine installé dans sa cour. «Je pense qu’on est ok», que je réponds. La fonte de la dernière neige (c’était pas la dernière, mais on va faire comme si) est bruyante dans la gouttière. La saison finie en même temps que notre sentiment de liberté.
Élise: C’est quoi ton état d’esprit de confinement?
Antoine: Je dors encore bien… Cette semaine on a la petite de ma blonde, ce qui tue toute possibilité de travailler, mais ça aide beaucoup. Quand elle n’est pas là, je fais juste refresh les nouvelles en ligne. Les enfants, ça occupe.
É: Est-ce que ce moment de pause dans nos vies a contrecarré des plans musicaux de ton côté?
A: Je sais pas encore (rire). J’ose pas poser la question. J’ai l’impression que ça met de la pression sur tout le monde en ce moment. On se demande tous ce qui va advenir de nos projets. Ultimement, ça devrait aller, mais je peux pas prédire.
É: T’es un optimiste ou un pessimiste?
A: Je le sais pas, Élise. En fait, les optimistes m’énervent un peu. Le monde sur Facebook en général. Tout le monde qui a son mot à dire. Tout le monde «détient la sagesse».
É: Peut-être que c’est parce que tu es entouré de grands sages…
A: Ben, c’est ça, on s’entoure des gens comme nous hein (brin d’ironie dans la voix)? En fait, le monde qui m’énerve, c’est ceux qui disent que tout va bien aller si on suit les règles du gouvernement. Vous le savez pas que ça va bien aller…
É: C’est quoi le dernier repas de quarantaine que t’as mangé?
A: Un sandwich. J’adore les sandwichs. Avant je faisais des épiceries au gré de mes passions du moment, avant. Il y a deux semaines, je riais des gens qui remplissaient leur panier. Là, c’est de moi dont on pourrait rire. Moi qui marche sur la rue avec mes quatre sacs. En même temps, c’est bien, on gaspille moins, ça coûte moins cher. Merci coronavirus.
É: Tout le monde vire un peu fou en ce moment. C’est quoi la dernière folie que le confinement t’a fait faire?
A: Je me suis commandé une manette de Nintendo USB.
É: Tu t’en sers?
A: Oui, je jouais juste avant que tu arrives. J’ai dit à ma blonde «je jouerai pas tous les jours, de toute façon, Élise va être là dans 15 minutes et ça va me forcer à arrêter». Juste avant le confinement, je suis allé passer quelques jours dans une maison où il y avait un Super Nintendo et j’ai joué pendant six heures à Mario Bros 3. J’ai eu une cloque sur le pouce.
É: C’est qui la personne que tu as le plus hâte de serrer dans tes bras après le confinement?
A: Il y a quelqu’un avec qui je me suis chicané avant. On a arrêté de se parler et j’aimerais ça le/la (le mystère est entier) serrer dans mes bras après.
É: La chose que tu as le plus hâte de faire quand tu vas sortir de chez vous?
A: Aller voir un show.
É: Fais-tu semblant de lire des livres comme tous les quidams qui font des publications au sujet de leurs lectures sur les réseaux sociaux?
A: Non, je lis pour vrai. C’était une de mes résolutions 2020: lire en moyenne un livre par semaine. À date, j’ai quasiment réussi.
É: C’est quoi tes suggestions?
A: J’ai découvert Anne Hébert au début de l’année. J’ai pas compris pourquoi c’était pas obligatoire comme lecture à l’école. J’ai connecté avec Hubert Aquin et Anne Hébert, en fait. Les États-Unis du vent de Daniel Canty, aussi.
É: T’es pour ou contre les Instagram Live?
A: Moi, les vidéos en général, je pèse jamais sur play. Je m’en crisse. J’évite la question quand quelqu’un me demande ce que j’ai pensé de sa vidéo. Je trouve ça plate, je trouve que le monde se force pas.
É: Quelle toune de ton répertoire réconforterait les gens en ce moment?
A: Mon cœur paré passera partout. C’est plein d’espoir.
É: C’est vrai que le reste de ton répertoire est assez triste.
A: Mon prochain album va être plus drôle.
É: On pourra te comparer à Bleu Jeans Bleu.
A: Un autre tiroir de drôle.
É: Quel album écoutes-tu en ce moment pour te calmer?
A: Le dernier de Saratoga. Ça marche bien.
É: Si tu pouvais faire un show n’importe où en ce moment, ça serait où?
A: À Natashquan, L’Échouerie. Juste pour dire qu’on s’en va loin.
É: Peux-tu nous finir ça avec un petit message d’espoir?
A: Je vais essayer.
Voir cette publication sur InstagramOn a rendu visite à Antoine Corriveau pour puiser un brin d’espoir. À lire sur FAV 🌈
Une publication partagée par feuavolonte (@feuavolonte) le 8 Avril 2020 à 1 :18 PDT