Formé à Londres en 1983, entre les murs de l'appartement de Brixton qu'ils occupaient en colocation, Bronski Beat s'est construit en réaction à l'image lisse et inoffensive des chanteurs gays de l'époque. Boy George entretenait encore un flou sur sa sexualité, George Michael, alors au sommet des charts avec Wham!, luttait avec lui-même et Elton John se mariait avec une femme, Renate Blauel, pour couvrir une identité gênante pour sa carrière. Difficile pour la jeunesse homosexuelle de se retrouver dans l'extravagance d'un Freddie Mercury. Dans ce paysage, avec son visage rond et son look ordinaire, sans alter ego ni maquillage sur scène, Jimmy Somerville a sans le savoir peut-être banalisé cette sexualité qui était encore taboue. Tout en portant une forte revendication politique dès la sortie de son premier single Smalltown Boy.
Le symbole est fort. Sorti en 1984, Smalltown Boy raconte l'histoire d'un jeune garçon victime d'homophobie et de solitude, incompris par sa famille, qui finit par quitter le berceau de son enfance pour vivre son existence ailleurs. Acceptation, rejet et adolescence : un sujet universel mais passé à travers le prisme de l'homosexualité, qui fera du titre un imposant succès en Europe.
Coté anecdote : Smalltown Boy sera le premier single extrait du premier album de Bronski Beat, "The Age of Consent" (1984). Sur sa pochette ? Un triangle rose intégré dans un visuel géométrique, hommage subtil aux homosexuels déportés puis gazés dans les camps de concentration. Trois ans plus tard, le triangle rose devient le symbole d'Act Up à New York - dont fera partie Jimmy Somerville - qui inspire la création de Act Up-Paris en 1989. La boucle est bouclée.
Bonus : par le collectif Catastrophe