Juste avant la sortie de leur premier album, In A Box, nous avons eu la chance d’appeler le chanteur Marius Vieth et le guitariste Joshua Meinert du groupe Allemand KID DAD, pour parler de genres musicaux, de COVID-19, de la création de leur album, des étiquettes et bien plus. Interview.
Unis Son: Le COVID-19 a changé bien des choses. Comment c’était pour vous en Allemagne, d’être un artiste pendant cette crise et comment avez-vous travaillé pendant que tout ça se passait? Vous avez pu faire les choses que vous vouliez?
Marius: Nous sommes de Paderborn, une petite ville à l’ouest de l’Allemagne de 100 000-120 000 habitants je crois, et je pense que, ouais, le COVID-19 est présent ici mais pas aussi horrible que dans une ville de 3-4 millions d’habitants. Dans notre région, beaucoup de gens sont assez stricts et respectent les règles, donc ça rend les choses plus faciles. On pense que dans quatre ou cinq mois, on pourra retourner dans les petites salles et clubs pour faire nos shows parce que les Allemands sont très, très stricts, et que les règles sont prises au sérieux. En tant que musiciens, on a pu travailler assez bien parce qu’il y a beaucoup de silence ici [rires] donc on a pu rester ensemble en tant que groupe. Par exemple on a répété pour nos lives là. On essaye de faire au mieux.
US: Et vous allez bientôt partir en tourner, ou plutôt l’année prochaine?
Joshua: Oui, ça sera l’année prochaine.
US: Cet album semble avoir été inspiré par plein d’endroits différents, où vous avez voyagé. Y a-t-il un endroit qui vous a marqués plus que les autres ou inspiré plus que les autres?
Marius: Je pense que tout dépend du sentiment qu’on a le jour où on est dans telle ville ou tel pays. Je peux être très inspiré dans ma cave ou dans, genre, mon vestiaire, parfois plus que dans un pays magnifique. Mais j’ai eu la chance d’aller en Chine, en Suisse, de visiter Londres pour la première fois, et j’ai écrit quelques chansons et je suppose que c’est ce qui a façonné la diversité des chansons. Je ne me suis pas force à me dire ‘j’ai besoin de différentes villes et lieux pour trouver l’inspiration’, c’était plus une question d’émotion, chacune amenant une différente forme d’inspiration. Il y a sans doute un endroit parfait pour chaque émotion, et un autre mieux ou pire. J’ai eu la chance, moi Allemand parlant Anglais, d’être isolé dans un pays qui ne sait même pas comment écrire l’Anglais. Tu ne peux pas prendre un train et demander ton chemin à qui que ce soit. Donc tu es complètement perdu et ça m’a beaucoup inspiré sur le thème de l’isolation. C’est, en gros, l’aventure derrière l’écriture de In A Box.
US: Les visuels ont quelque chose de très réfléchi pour moi. Vous avez travaillé avec des références? Qui a travaillé dessus?
Joshua: Je ne sais pas si on avait des références. C’est principalement notre bassiste Max, qui a fait office de graphiste et réal vidéo. C’était du genre ‘okay j’ai une idée, fait quelque chose avec ça’ et Max essaye de faire avec. C’était beaucoup de tâtonnements et ensuite on a essayé de former quelque chose. Le concept est venu d’une boîte, via Marius.
Marius: Ouais, les concepts étaient là avant la majorité des chansons. On veut que les gens puissent voir ce qu’on ressent avec simplicité. Et on aime beaucoup des groups comme 1975 qui posent leurs émotions dans des formes géométriques ou des choses simples. C’est comme le logo d’Apple, c’est juste une pomme mais ça a de la force et tout un mode qui est puissant. On essaye ça aussi mais avec une boîte et le sujet de l’isolement. En 2017, juste avant que nous commencions à enregistrer In A Box, Max est arrivé avec l’idée de la boîte et de l’intégrer à nos vidéos. Alors on a commencé à penser les vidéos autour de cette boite, ensuite sont venues les couleurs, le rose saumon, pour lui donner un profil géométrique.
US: Et bien, ça ressort vraiment et ça colle parfaitement à votre univers musical je trouve, bravo!
Tous les deux: Merci !
US: L’album est plein d’émotions, de sentiments et on comprend vite que la santé mentale est un sujet assez important pour vous dans les paroles. Et sur votre site web, vous décrivez votre genre musical par ‘Sad Music’ (musique triste). Pourquoi ?
Marius: On n’aime pas être classé dans plusieurs genres. On n’aime pas se mettre d’étiquette non plus. On a souvent la question ‘quel genre de musique vous faites? Et comment la décririez-vous à ceux qui n’ont jamais entendu parler de vous?’ Et c’est assez dur pour nous. Alors on dit qu’on se concentre plus sur le contenu plutôt que sur le son. Parce que si on dit qu’on fait du rock alternatif, ou qu’on fait du punk, on a cette étiquette sur le front. Des fans seront déçus si un jour on arrête ce genre. On veut rester ouvert d’esprit. Chaque album devrait avoir la chance de se démarquer, de décrire un temps donné dans nos vies et d’avoir sa propre reconnaissance sans que les gens dissent ‘c’est pas assez punk’ ou ‘oh ça sonne trop pop, c’est soft’. On aime rester ouvert. Le contenu est triste, mais le but c’est pas de rendre les gens tristes encore plus tristes. Je pense qu’on a tous une forme de tristesse, de base, mais on veut surtout partager nos histoires et dire que t’es pas seul, on est avec toi et on a tous à gérer des choses dans la vie. C’est aussi important pour nous de ne pas donner trop de détails sur ces histoires comme ‘y a un gars qui aime une fille mais la fille ne l’aime pas’. Y a la base et tu peux te mettre dedans, en faire partie, la ressentir et te l’approprier.
Joshua: Je pense que c’est tout sur le ressenti de l’histoire, avec l’histoire, pas le sujet qui importe.
US: In A Box est lié à un sujet important, une initiative contre la violence domestique appelé Safe In a Box. Comment vous est venue l’idée?
Joshua: Je crois que c’est à cause du COVID-19. On sait que la violence domestique existe, qu’elle existait avant, mais depuis la pandémie, on a vraiment pensé aux conséquences, pas pour nous, mais pour l’environnement, nos alentours, et pour les gens qui ont besoin d’être protégés. Et les enfants sont une priorité quand ils sont dans des situations qu’ils veulent fuir, comme on l’a imagé dans notre musique, mais ne le peuvent pas. Tu es enfermé dans un environnement quand tu devrais en fait te sentir en sécurité, safe, dans ta bulle, ta boîte. Depuis la pandémie on a découvert la campagne. Ça nous a parlé. On voulait ensuite vraiment faire quelque chose physiquement, alors on a pensé et réfléchi au comment et au quoi. On a d’abord pensé à des masques mais ça faisait trop de COVID-19 pour nous et pas assez de ce qu’on avait en tête pour aider. Alors on a voulu créer une sorte de partenariat. C’était vraiment important pour nous de faire quelque chose avec notre vision et notre style et de le rendre personnel. Pas de faire genre ‘et au fait y a cette œuvre caritative’. C’est très KID DAD et je pense qu’on voit beaucoup de notre personnalité dans cette campagne.
US: Ma dernière question est liée à l’enfance aussi, cette fois la vôtre. C’est une question personnelle qu’on pose à tout le monde. Quel est votre premier souvenir musical?
Joshua: Mon père est musicien. Mon premier souvenir en rapport à la musique c’est d’être dans les loges backstage et de manger une banane qui était pour le chanteur de son groupe. C’était la seule nourriture qu’il avait pour ce soir-là. Du coup, ouais, c’était mas première expérience musicale et ça n’a aucun rapport avec écouter ou entendre de la musique, c’est juste traîner avec des musiciens.
Marius: Mon premier souvenir c’est de voir mon grand-père jouer dans une fanfare. Il jouait du tuba. Et j’étais debout comme ça [frappe des mains] à genre un an, quand tu commences à être debout. Et j’étais là, en mode “wooow”. Ma mère me raconte ça souvent. Et j’avais vraiment envie de les rejoindre alors que je ne savais pas qu’était un instrument, comment ça marchait et que tu devais apprendre à en jouer avant, mais je voulais les rejoindre et marcher avec eux. Et ensuite, j’étais très, très triste quand ils ont continué parce que je pensais qu’ils ne m’aimaient pas et qu’ils ont juste tracé, mais c’est une fanfare et c’est ce qu’ils font [rires] et j’ai dû faire avec. C’était dur à l’époque. Ensuite, à l’écoute j’ai fait de la trompette.
Joshua: Tu joues de la trompette?
Marius: Ouais, j’en ai fait cinq ans. C’était mes débuts en musique. J’ai fait de la flûte aussi mais ça compte pas parce que j’étais mauvais [rires]. J’étais meilleur à la trompette, c’était mon premier instrument. Ouais c’était mes débuts en musique.
Pour leur engagement appelé Safe In A Box, le groupe a décidé de produire du merch spécial, marqués par une maison-boîte dans leur shop, dont 100% des bénéfices seront reversés à SOS Kinderdöfer et NSPCC, des œuvres caritatives venant en aide aux enfants victimes de violences domestiques. Pour plus d’infos sur Safe In A Box, c’est par ici.
Le groupe sera en tournée en Février et Mars 2021 en Allemagne et au Royaume-Uni. Plus d’info ici.