La fine pluie nous donnait l’impression de nous faire cracher des petites gouttes de COVID dans’ face par le ciel hier soir, au bord du fleuve pour le lancement du premier album de Comment Debord au Village au Pied-du-Courant. C’était notre premier VRAI show de l’été et la petite frénésie nous laissait sentir que oui, il allait se passer quelque chose de spécial au pied du pont Jacques-Cartier sous la menace d’un orage imminent.
Près de la scène, on remarque tout de suite le décor de salle de bains de matante de région, et le réconfort s’installe avec l’effet d’un bon repas en famille. C’est humide et le sable de la plage du Pied-du-Courant fait des petits motons sous nos pieds, mais on a une curieuse impression de «tout va bien aller».
C’est avec le hit de l’été Ville fantombe que le groupe amorce la soirée au même moment où le bruyant train fait son entrée sur Montréal. Les membres du groupe, presqu’aussi nombreux que ceux de l’Orchestre symphonique de Montréal, gardent tous le sourire. Ça parait qu’ils savent passer à travers ça, l’adversité.
«J’aurais tellement tellement aimé ça que mes parents aient un chalet sur le bord de quelque chose», chantent nos hôtes sur la pièce Chalet qui nous donne beaucoup de flashbacks du moment de l’été où tout le monde se cherchait un chalet via Facebook.
Durant le single Papier foil, les gens commencent à taper des mains et tout le monde fait à a sa tête, personne est sur le même beat. Rien n’est au point du côté du tempo, à part sur scène. Ça parait que le public a six mois d’absence de spectacles derrière la cravate. Ça va revenir…
Au moment de jouer la pièce Chandail principal, Rémi Gauvin, le chanteur principal, nous annonce que le groupe a «vendu un chandail aux Américains» sur son site. On reprend confiance en nos voisins du sud et ça nous donne envie, évidemment, de nous procurer le chandail officiel de cette chanson.
C’est à ce moment-là que quelque chose de vraiment catastrophique se produit. Sans que personne nous avertisse ou nous donne un petit cue, on apprend, dans la chanson, que LE chandail principal dont il est question, eh bien, il L’A PERDU, le protagoniste de la chanson. On l’avait pas vu venir. Plusieurs ont du mal à s’en remettre. Crinquez pas notre enthousiasme au sujet d’un chandail aussi précieux pour, après, nous dire qu’il est porté disparu. C’est juste une question de courtoisie, Comment Debord, ok?
Toutes les tounes ou presque nous permettent de nous chorégraphier des danses de matantes pas piquées des vers. Ça fait autant de bien que lorsque tu finis par comprendre la danse en ligne au party de Noël et que t’es capable de suivre.
Avant de passer à Ogunquit, on nous dit: «On explique toutes nos chansons parce qu’on a fait des concours l’année passée. Êtes vous déjà allés à Ogunquit?» Une bonne façon de tourner le fer dans la plaie de l’absence de vacances au bord de la mer des U.S.A. en ces temps incertains. Indélicat!
Le rappel nous permet d’entendre la précieuse Je me trouve laide, qui ne figure pas sur l’album, mais qu’on avait beaucoup apprécié sur le EP qui précédait. «Si vous n’avez pas encore dansé, c’est le temps. SI vous avez déjà dansé, il est trop tard», nous dit-on. Il n’en fallait pas plus: ça se met à danser.
Et comme si cet engouement avait réussi à faire sursauter le ciel, la pluie battante se déclare aussitôt que le show finit. Comment Debord nous donnant ainsi une excellente leçon de timing.
Parlant de timing, leur premier album sort ce vendredi et ça vaut le déplacement… autant que ce spectacle de lancement valait la ride de vélo à la pluie pour en revenir.