Sutja Gutierrez
Phylax Society
(Lumière Noire)
Sutja Gutierrez invente un langage pop aux revers expérimentaux, chemins brisés en cours de route pour atteindre des cimes lumineuses d’avant-gardisme serein, les pieds dansant sur des tapisseries aux motifs psychédéliques.
Si Phylax Society fait référence à un club canin du XIXème siècle qui cherchait à créer une race de chien allemand standard, qui donnera lieu plus tard à la naissance du Berger Allemand, la musique de l’espagnol n’a rien de très canine, bien que mordante.
Les vocaux pouvant être parfois traités, donnent une profondeur au langage musical de l’artiste, qui n’est pas sans évoquer parfois un Ricardo Villalobos tombé dans un chaudron de pop mutante, mâtiné aux torsions arty de Juana Molina.
On est littéralement happé par les 11 titres qui composent l’album, joyeux foutoir d’instruments passés à la moulinette, résonnant durablement dans les recoins de jungles sauvages au senteurs boisées.
Les mélodies prennent l’habit d’ombres fugaces, cherchant à porter l’univers dans une autre dimension, où siégerait un Syd Barrett peignant des mantras bigarrés. Les adjectifs manquent pour tenter de qualifier à la musique de Sutja Gutierrez, véritable caverne d’Ali Baba foisonnant de malles aux trésors. Vital.
Roland Torres